Vous vous posez souvent des questions sur les relations entre l'Aïkikaï, l'UFA, la FFAAA, la FFAB et tous les courants de la famille AïKi en France. Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut remonter dans le temps et observer comment s'est installé l'Aïkido en France. Voici la première partie d'une histoire riche et complexe à la fois.

L'aikido en France

Juste avant son départ, il charge Jim Alcheik, l'un de ses élèves, de poursuivre la diffusion de l'Aïkido. De retour au Japon, il demande à O'Senseï d'envoyer rapidement un nouveau disciple en France, car il pressent que le potentiel dans ce pays est important.

C'est Tadashi Abe, du haut de ses 28 ans, qui est envoyé en France pour prendre la relève. Petit problème : il ne parle pas un traître mot de français. Pour pouvoir diffuser l'Aïkido, il est aidé de Kawaishi Senseï, grand maître de Judo, qui lui facilite l'accès aux dojos du Judo français. Il lui conseille également de codifier les mouvements sous forme de séries, astuce qu'il trouve plus adaptée à la mentalité occidentale. Tadashi Abe va suivre ce conseil à la lettre entre 1953 et 1961.

Pendant cette période, en 1955, un certain André Nocquet fait le voyage jusqu'au Japon pour étudier auprès du fondateur. Abe Senseï pratique un Aïkido assez dur, axé sur la self-défense. Lors de son entraînement martial à Osaka en 1942, il avait tellement frappé sur des makiwara, qu'il n'avait plus de séparation entre les phalanges. Cela lui donnait un style qui lui est propre et une capacité de frappe très importante, frappes qu'il exerçait d'ailleurs fréquemment sur ses élèves à la moindre faute d'attention.

En 1957, arrive en France, assez discrètement, Hiroo Mochizuki, fils de Minoru, avec l'espoir de reprendre le flambeau et la mission de son père. Il vient d'abord pour poursuivre ses études de vétérinaire et aussi pour aider Jim Alcheik disciple de son père pour développer le Yoseikan Budo dans l'hexagone. Le jeune Hiroo a commencé le Judo à sept ans, à 16 ans il débute le Karaté, il sera d'ailleurs l'un des premiers à introduire le style Shotokan en France. En 1970 il rompra néanmoins avec le Karaté traditionnel. Il possède également une grande expérience du Kendo et de l'Aïkido, c'est donc sur un pratiquant confirmé que Jim Alcheik peut compter.

De leur côté, les Français ne sont pas en reste pour diffuser l'Aïkido tel qu'ils le connaissent à l'époque. En 1959, Jim Alcheik créé la première structure qui s'appellera la FFATK (Fédération Française d'Aïkido, Tai-jutsu et Kendo). Son charisme est suffisamment important pour fédérer un grand nombre de pratiquants. Mais il meurt en 1962 dans un attentat pendant la guerre d'Algérie.

Depuis le départ de Tadashi Abe, la situation en France n'est guère brillante. Le nombre de pratiquants est en augmentation (entre 400 et 500 personnes). Mais la mentalité gauloise du « pourquoi c'est toi le chef ? » est déjà à l'œuvre. Plusieurs groupes se forment. Le plus important est celui d'André Nocquet. Mais ce dernier n'arrive pas à faire l'unanimité parmi les aïkidoka français. Toutefois, pour trancher la question, une demande d'envoi d'un nouveau maître est faite auprès de l'Aïkikaï.

L'année 1961 est riche en changement pour l'Aïkido français, puisqu'un autre disciple d'O'Senseï arrive sur le sol français : Masamichi Noro. Si Nakazono Senseï était mandaté par l'Aïkikaï, Noro Senseï était quant à lui mandaté directement par O'Senseï.

Quand il n'y en a plus, y'en a encore. En 1964, O'Senseï charge son disciple Nobuyoshi Tamura, d'étudier la manière dont l'Aïkido se développe en France. En fait, Ueshiba profite du voyage de noces en Europe de Tamura Senseï pour le charger de cette mission. Il faut savoir qu'à ce moment-là, les relations entre les pratiquants français et l'Aïkikaï sont au plus bas.

Face au succès de ses concurrents japonais en France, Nakazono fonde en 1967 l'institut Kamanaga. Dans cet institut il enseigne pour la 1ère fois les Koto Tama (les mots de l'âme), qui est une science des sons, qu'aimait à pratiquer O'Senseï avec ses disciples les plus fidèles. Mais il semble être pris de vitesse, en terme de popularité, par Noro et Tamura senseï.

Malheureusement, en 1969, maître Noro est victime d'un très grave accident de la route qui le laisse paralysé d'un bras. Pendant sa convalescence, sans l'informer, les instances décident de laisser l'enseignement à ses assistants. Quand il reprend l'enseignement, seuls quelques élèves sont encore là. Il fonde alors l'institut Noro et modifie sa forme pour s'adapter à son nouveau corps. Face aux critiques incessantes, il se coupe du reste de l'Aïkido pour fonder un peu plus tard le Kinomichi.

Cette même année, maître Nocquet, ancien élève de Minoru Mochizuki et de Tadashi Abe, puis disciple de O'Senseï, puis de Tohei Senseï à Hawaï, fonde l'Union Européenne d'Aïkido (UEA). Parallèlement, il quitte la FFJDA pour créer la FFAD (Fédération Française d'Aïkido). De son côté, un an plus tard, Nakazono quitte la France, fatigué par la situation de l'Aïkido dans ce pays. Il part vivre à Santa Fé (USA) et prend la décision de ne plus jamais enseigner.

 C'est la fin d'une époque et le début d'une autre. En 1970 il ne reste plus que les maîtres Tamura, Mochizuki et Nocquet dans le paysage de l'Aïkido français. À cette époque, l'Aïkido français compte alors 10.000 pratiquants.

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