Seigo Yamaguchi
Seigo Yamaguchi est né le 13 avril 1924 sur l'île de Kyushu, située dans la préfecture de Fukuoka au sud de la péninsule japonaise. Fils de bonne famille, il est entouré de nombreux frères et d’une sœur. Son père, principal de collège et homme de lettres, ainsi que sa mère, enseignante, lui donnent très tôt le goût de la lecture et de la culture. En parallèle, il pratique également le Kendo et le Kenjutsu dès son plus jeune âge.
Après avoir suivi ses études dans un lycée traditionnel, le Denshukan (fondé par un clan de samouraïs), il intègre l'institut de Hiroikegakuen (aujourd'hui université), fondé par le docteur Chikuro HIROIKE.
Incorporé dans la marine de l’armée impériale Japonaise en octobre 1943, Seigo doit interrompre ses études à seulement 19 ans. Durant la guerre du pacifique, il est affecté à un escadron de kamikaze pilotant des sous-marins torpille avec pour mission de couler les navires américains en se jetant dessus ! Comme beaucoup d’autres, alors qu’il à déjà composé son poème final avant de partir pour une ultime attaque, Seigo ne doit son salut qu’à l’arrêt du conflit en octobre 1945. Libéré de son service, il rentre chez lui, à Fukuoka.
Intéressé par les affaires nationales et internationales, il passe même le concours de fonctionnaire du gouvernement japonais.
Disciple de Yukikazu SAKURAWAZA, le fondateur de la macrobiotique moderne, Seigo décide finalement de quitter le Japon pour partir en Europe, et plus spécialement en France. Cependant, un ami de son père lui conseille d'acquérir quelques fondements de culture japonaise traditionnelle avant de partir pour l'étranger. On lui remet alors deux lettres de recommandation, dont une destinée au fondateur de l'aïkido. C’est ainsi qu’il se présente à Maître UESHIBA en 1951. Impressionné par la forte personnalité de ce dernier, il décide de devenir élève à résidence du maître (uchi-deshi). C’est un choix courageux, à une époque ou le Budo est officiellement interdit par les officiels américains et ou la principale préoccupation est de se nourrir.
Participant au développement rapide de l’aïkido, Seigo YAMAGUCHI devient instructeur à l’Aïkikaï Hombu Dojo mais enseigne également à l'Agence Nationale de Défense, à l'Université Meiji, à l'Université de Tokyo ou encore dans d'autres dojos privés.
En 1958, le gouvernement Japonais l’envoi en Birmanie pour une mission nationale. Maître YAMAGUCHI doit enseigner l’aïkido à l'armée Birmane (l'actuel Myanmar). Cette mission à un double objectif, c’est à la fois une mission culturelle et une compensation des dommages de guerre. Après un séjour de deux ans, il retourne au Japon, ou il devient l’un des principaux instructeurs du Hombu Dojo.
A partir de 1977, YAMAGUCHI Shihan effectue ses premiers déplacements à l'étranger. Il se rend en Europe (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Suisse, Belgique, Danemark), en Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay) et du Nord ( Etats-Unis, Canada et Hawaï) pour y diriger de nombreux stages.
L'Europe constitue sa principale destination. Notamment en France, où un stage spécial est organisé chaque année de 1977 à 1995 (à l'exception de 1989, l'année du décès de sa fille). Durant cette période, le nombre des participants, en constante augmentation, oscille entre 200 et 500.
En Allemagne et en Grande-Bretagne, il enseigne principalement aux universités de Mannheim et d'Oxford. Shihan reconnu, Maître YAMAGUCHI dirige les classes du lundi soir a l’Aïkikai durant de nombreuses années, organisant parfois des stages spéciaux pour les hauts gradés. En parallèle de ses activités officielles au hombu dojo, il enseigne régulièrement à l'université Meiji à Ikuta et Ochanomizu, au club universitaire d'aikido de Nagoya et surtout au dojo Zoshukan, à Shibuya, au sud-ouest du centre de Tokyo.
Si l'Aikikai est ouvert a tous, le Zoshukan Dojo accueille un nombre limité de pratiquants, facilitant ainsi la recherche personnelle de Maître YAMAGUCHI. En 1994, à l'occasion de son 70ème anniversaire une cérémonie et des stages sont organisés par son fils, Tetsu, à Kamakura et Katsuta, où quelques disciples français sont présents.
Seigo YAMAGUCHI s'éteint le 24 janvier 1996 à l’âge de 71 ans.
"La technique doit se réaliser de manière spontanée, naturelle et évidente. Il ne s'agit pas d'exécuter des gestes ou des choses difficiles, il importe de faire sérieusement des choses faciles que tout le monde peut faire. Mais il est en fait difficile de découvrir cela, d'en prendre conscience et de s'en persuader. La technique n'est pas de faire des choses curieuses ou mystérieuses, et si parfois, elle parait mystérieuse, c'est qu'elle est trop naturelle et évidente. Pour accomplir la technique, il faut à la fois de la détermination et l'abandon de son corps ..."
et aussi.... "Dans toutes les Voies dont on entreprend l'étude, une chose importante, que l'élève doit se rappeler sans cesse, c'est de ne pas oublier l'esprit de ses débuts ou bien de retourner à l'esprit de ses débuts. Ceci parce que on ne peut pas espérer un progrès seulement par la répétition assidue des choses apprises. Le "tanlen" (polissage) est, selon les anciens, l'entraînement pendant des jours et des jours, mais cela ne veut pas dire une suite de répétitions mécaniques. On trouve dans la biographie (les dits, les écrits,) du maître du ken, l'enseignement suivant: "va au contact toujours avec un esprit renouvelé". Ce sont des mots qu'il faut se graver dans la tête. En outre, les anciens ont dit que, au cours de l'ascèse, il faut être prêt à enlever non seulement les mauvaises habitudes, mais aussi les bonnes. Les mauvaises habitudes, que ça soit à propos de la technique ou d'autre chose, on en prend conscience assez facilement par soi-même et par le biais des autres, et elles sont faciles à rectifier. Même si on a du mal à les redresser, si on en prend conscience, soi-même et si les autres en prennent aussi conscience, on n'en arrivera pas à causer beaucoup de dégâts. Par contre, celles qui passent pour de bonnes habitudes, sont perçues évidemment par l'intéressé comme étant positives et par conséquent on n'en remarque pas facilement les inconvénients. Et les autres ayant du mal à s'en rendre compte, les dégâts causés à soi et aux autres sont grands. Donc, même en étant persuadé de leur côté positif, il faut se dire que l'on est en cours d'ascèse et que ce que l'on fait n'est que ce que l'on peut faire de mieux pour le moment et il convient donc d'être suffisamment humble pour accepter n'importe quand, n'importe quelle critique. Ceci est une chose difficile mais il est souhaitable de retrouver l'esprit de ses débuts pour avancer."
Maître YAMAGUCHI
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quelques photos prisent pendant des stages ou des sorties, c'est par là.... [...]
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